On connaît tous Jean-Paul : le monsieur avec son blouson de cuir et sa casquette, qui marche jusqu’en Près, qui bricole ici ou là. Il nous confie ses souvenirs :

« Je m’appelle Jean-Paul Martinez, j’habite à Remilly depuis que je suis tout petit.

Je suis né chez moi. C’est ma grand-mère qui m’a coupé le cordon. Je m’en rappelle pas mais on m’a dit ! J’ai été élevé par ma grand-mère quand j’ai commencé à avoir 5-6 ans, avec mon frère Gérard et ma sœur Madeleine.

Mes parents habitaient en haut de l’école, à la place de Pascale. Ils ont aussi habité à Velars, à Talant, je sais pas ce qu’ils fabriquaient là-bas. Mon père était espagnol et ma mère française. Mon père travaillait dans des fermes, il avait pas beaucoup de sous.

Avant, ma mère habitait juste là, dans l’atelier de Monique maintenant.

Puis quand ma grand-mère est venue habiter ici, j’ai eu qu’à sortir par la fenêtre, pour vivre directement ici ! Ma grand-mère était très gentille. Elle m’a mis une claque une seule fois parce que j’avais fait le con, mais c’est tout. Elle me tapait jamais. Elle allait tout le temps dans le jardin, je crois bien que c’est elle qui a posé les dalles des bordures. Il fallait tout le temps aller cueillir les cerises, moi j’en avais marre, je me sauvais !

Mon grand-père, il est en photo.

L’ECOLE

Je suis allé à l’école à 6 ans. J’étais à côté du poêle, avec ma sœur, les Durupt (chez les Montchovet maintenant), le Jean-Pierre Doret et sa sœur Christine, les Denuit…

Je passais par la fenêtre ! Avant, y avait un préau, avec un toit en tôle, tu te rappelles ?

A l’école, ils me faisaient rien faire, ils ne s’occupaient pas de moi. J’aurais appris si ils m’avaient montré, mais ils me montraient pas, qu’est-ce’ tu veux faire… je serais peut-être ingénieur maintenant !

Quand j’allais à l’école à Velars, ma grand-mère me prenait pendant les vacances ; j’avais personne, où qu’tu voulais qu’j’aille ?

A 15 ans, je me suis sauvé de l’école de Velars.

Je faisais tellement des conneries l’une dernière l’autre que je me suis retrouvé au château d’Aisy sous Thil. C’était une maison de redressement, un truc comme ça. Là aussi je me sauvais sans arrêt. C’était pas facile au château, je voyais ma grand-mère une seule fois tous les mois.

ENFANCE

On jouait au ballon avec les filles Bussière, le François aussi, on mettait les ballons au-dessus des chéneaux de chez Poisot (chez Lecchi aujourd’hui) !

J’ai connu les Carneau, Christian, Hervé et Nicole, une blonde, qui habite je sais plus où maintenant, elle était jolie, moi j’étais petit ! On allait se baigner à Ste Marie, au canal, ils avaient un bateau gonflable.

Je me rappelle les Pingeon, là en bas, vers chez le Mario. Il y avait eu un incendie, on voyait les flammes, ils ont dû être tous évacués.

J’allais à la messe tous les dimanche à Remilly. Si t’allais pas à la messe, t’avais une surprise : tu mangeais pas. Mais comme elle était gentille, ma grand-mère, une heure après, elle me donnait une belle assiette !

Tous les soirs je montais avec l’Arthur à l’église, pour sonner les cloches. Avant, c’était à cordes ! Et il me disait toujours : « Pas si vite !! » Il passait par le haut, je le guettais et j’allais avec lui.

En Près, il y avait une madame Denuit, je l’appelais la Directrice. Elle était gentille comme tout, je sais pas pourquoi on l’appelait la directrice.

LES 2 ROUES

Les mobs ? J’en ai eu une quinzaine au moins ! On perçait les pots avec des perceuses pour aller plus vite ! Bon, ça allait pas plus vite, mais ça faisait plus de bruit !

Le Christian Carneau, chaque fois qu’il fallait changer quelque chose, il me le changeait, il était gentil. Il travaillait au garage Renault à Sombernon, il réparait les pneus, les câbles, tout l’bordel… au bout de deux jours c’était re-cassé, mais ça fait rien !

On faisait du vélo avec les filles Bussière, il y avait encore le tabac à Agey, et on faisait tout le tour. A l’époque, on avait pas de vitesses, j’en chiais comme un voleur !

Ma grand-mère m’a acheté un vélo de course, il était beau ce vélo, on l’avait acheté à l’ancien Carrefour, tout en pièces détachées.

Après j’ai eu un beau petit solex. J’en faisais en cachette parce que j’avais pas d’assurance, et dans la descente, j’étais en roue libre, pour pas trop dépenser d’essence, j’étais malin.

Après j’ai eu ma 103 SP (elle était bien celle-là). Encore après j’ai eu ma saloperie de Vogue, achetée chez Gavazy à Pouilly, une 103. J’ai eu aussi une 51V, une 41V, une Motobécane 88 (elle était

bien). La 50DT Cross noire, c’était la mieux, mais je l’ai vendue parce qu’elle consommait trop d’huile et d’essence, à un gars de Comarin, je m’en rappelle. Après j’ai eu une 50DTMA, et après j’ai eu mon Scotter et voilà !

Les mobs à plateau ça va pas, la courroie c’est mieux !La mienne, sur l’eau, elle glissait pas rien du tout ! Moi je regardais pas trop mes rétro, alors des fois quand je doublais, c’était un peu dangereux.

On allait de Sombernon jusqu’à Plombières pour boire un coup en mobylette.

Un coup, j’avais plus de lumière, j’ai fait tout le trajet avec le clignotant. Je rentre, paf ! la lumière revient ! C’est quand même pas de bol.

LES PETITS BOULOTS

J’ai travaillé la maçonnerie chez Ligeron à Sombernon, Maurice et Rémy, il était gentil comme tout.

Avant j’ai fait peintre, mais comme ils me payaient pas, je suis parti. Après j’étais dans une usine, la SOBAT (ou je sais pas quoi), j’étais teinteur de chaises. Je prenais deux chaises dans un bac, comme ça, je les trempais dedans, je passais un petit coup comme ça avec un petit torchon, on avait un petit cahier, fallait marquer toutes les heures qu’on faisait.

Avant, je connaissais toutes les rues de Dijon, je me promenais.

J’ai fait beaucoup de stop, ça économisait le bus, du temps où j’allais à la Chartreuse. Tu sais, en comptant toutes les années, j’ai dû faire 10 ans de Chartreuse en tout dans ma vie.

On allait aux foins avec le Roger (avec un monte charge, on mettait ça direct dans le fenil) avec le François Laborey aussi, et le Serge, le Daniel et le Seb… Aussi avec les Doret, à midi on mangeait bien là-bas-dedans !

A cette époque-là, un paquet de cigarettes, ça me faisait 5mn !! Je me suis calmé maintenant.

Il y avait les belles sœurs du Roger, il fallait bosser avec elles ! Le petit Pierre Denuit, il montait tous les jours un cheval de trait, il le redescendait le soir. C’était mon copain, le Pierre, il était gentil, on se promenait en vélo.

Je me rappelle que je faisais le livreur de fromage à mobylette à Remilly. C’est Martine qui faisait des fromages blancs, le Romain était tout petit.

SPORTS ET VACANCES

J’étais allé au ski avec l’école de Bel Air, mais le ski de piste c’est dur, c’est pour ça que j’ai arrêté.

On faisait du sport au lac, du volley…

On était allé en vacances avec le Seb chez la Maëlle, chez le Manu, c’était bien ! Avec la Maëlle et le Rémy, aussi avec le Christian et la Bernadette, on était allé à l’océan, et à la mer avec le Thierry Tridon, on était dans une maison avec une piscine, on avait même mangé sur un bateau, on était heureux ! On regardait les magasins, c’est vieux tout ça.

LES BALS ET LA CASTAGNE

Les bals ? J’en loupais pas un !

A la salle des fêtes de Sombernon, Comarin, Vandenesse, Chazilly, Grobois, Vitteaux, Pouilly, Semur… En une nuit, on faisait des fois 3 bals !

Un coup, je bois une bière, l’autre y m’la boit ! Ah nan, là ça y a pas été ! Je m’étais énervé.

A 16 ou 17 ans, je me battais souvent, au bal, dans les boîtes de nuit, partout. C’est pour ça maintenant j’ai arrêté…

J’allais avec le Guy du Trembloy, avec sa R5. A l’époque il y avait des orchestres : guitare, batterie, et une femme qui chantait ; ça donnait quand y mettaient un peu fort ! Maintenant c’est des trucs en vidéo.

J’aimais bien quand il y avait le bal à Remilly, je dansais, t’as connu ça toi ?

Ma grand-mère elle voulait pas que j’aille au bal. Elle fermait la porte, mais moi je passais par la fenêtre !

Mais voilà, ça se fait plus maintenant les bals… et puis maintenant j’irais plus ! Ou alors l’après-midi, comme les vieux…

C’est ça qu’il faudrait faire à Remilly, là-haut, vers la stabule du Romain, un bal monté !

LES GENS

Tous les samedi-dimanche, on buvait l’apéro chez Roger Denuit (aujourd’hui Chevillon), et aussi chez M.Demangeot, un petit grand-père. Après c’est Thierry Tridon qui a habité là. Il est mort aussi. Avec lui, on allait aux grenouilles, avec des lampes électriques. Thierry, c’était aussi mon médecin, il était tellement sympa. C’est bon, les cuisses de grenouilles… je me rappelle plus qui c’est qui les cuisinait…

J’aimais bien Bernard Bonin, on bricolait ensemble. Il était intelligent, travailleur, et très sportif.

Tu te rappelles les carnavals, quand on avait mis ma mobylette sur la remorque ? On avait rigolé hein ?!

J’allais partout aux fêtes, à Grenant, à Agey, tout en mobylette !

Une fois Mme Istria elle m’avait emmené à la fête à Grenant, on avait fait des jeux, j’avais gagné des bouteilles. Pour le chamboule tout, faut bien tirer en bas un grand coup bien fort et tout tombe !

LES CHATS ETC

Mon chat il s’appelle Poussy. Il coûte cher en Ronron. C’est le Manu qui me l’avait donné.

Je l’ai choisi parce qu’elle a le petit bout de la queue blanc, elle est jolie hein ? Elle dort avec moi, là. 

Et sitôt que je vais là-bas, elle vient avec moi.

Coco, Kiki, Titi, Mistigri, il y en a qui avaient même pas de nom tellement j’en avais, des chats!

Les canevas au mur ? C’est ma sœur Madeleine qui me les a faits, c’est beau hein ?! 

Mon rêve ? C’est que quand je serai guéri, je boirai un sacré apéro ! Sérieusement, j’aimerais bien refaire chez moi, parce que c’est un peu moche quand même… ou au moins la porte d’entrée, de la même couleur que mes fenêtres, ça serait bien, ça.

Mes montres ? J’en avais plein, j’en ai plus qu’une. Elles sont toutes en panne. Dès que je peux aller au Cora ou au Casino, je m’en rachète une.

J’aime bien Remilly parce que j’y suis né. Et puis vivre à Dijon, pour quoi faire ? T’as vu les HLM ? Ils sont tous l’un sur l’autre là-dedans. Ha-ï ! »

Merci Jean-Paul pour ce bon moment passé ensemble, ha-ï !

Texte de Florence Nicolle

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