Serge Gainsbourg chantait l’année érotique en 1969. Le n°69 de votre revue préférée est l’occasion rêvée pour explorer les pratiques érotiques et la gestation des habitants de nos jardins !

Avant tout accouplement, les mâles, pour séduire leur compagne, se livrent à des démonstrations de leur sex-appeal: vols acrobatiques des chauve-souris, plongeons théâtraux des rats musqués, grimpées virtuoses des écureuils, parades pompeuses des cerfs…

Le moineau, lui, pratique toutes sortes de révérences, sautillements comiques, garde-à-vous quasi militaires, dès la fin janvier. Il aura beau exhiber sa somptueuse bavette noire située sur sa gorge, c’est la femelle qui décide. La moinelle va commencer par s’installer dans le nid du mâle. Notre pauvre moineau devra attendre d’assouvir son désir quand la dame sera prête, vers le mois d’avril.

Quel ravissement pour lui quand, un beau matin, la femelle adopte une attitude bizarre: elle s’allonge quasiment à l’horizontale, tête rentrée, les ailes toutes tremblantes, en poussant de tout petits cris: tiii… tiii… tiii… Enfin, c’est la fameuse «posture d’invitation», qui ferait tourner la tête à n’importe quel moineau. Pas besoin de faire un dessin à notre «Pierrot amoureux» qui, le plumage hérissé et la queue vers le ciel, bondit lestement sur le dos de sa compagne, et hop, ils font comme la plupart des oiseaux: ils appliquent l’un contre l’autre l’ouverture de leurs deux cloaques, et le mâle fait ainsi passer son sperme dans le corps de la femelle. Figurez-vous qu’ils peuvent s’accoupler vingt à quarante fois par jour, soit jusqu’à 320 fois par saison! 

Tout ça en général juste à côté de leur nid, situé à plusieurs mètres de haut, sur une gouttière, une rambarde ou un câble électrique. Sacrés acrobates…

Chez la plupart des animaux de nos jardins, le rut est lié à une saison particulière, et l’ovulation se déroule indépendamment du coït. Chez le lapin, l’accouplement déclenche la sécrétion d’une hormone, qui provoque l’ovulation quasi immédiatement. Voilà pourquoi les lapins se reproduisent tant!

Chez la chauve-souris et bien d’autres mammifères, les spermatozoïdes restent sagement en réserve dans les voies génitales de la femelle après l’accouplement. Madame chauve-souris va se reposer tranquillement durant l’hiver hibernal, et sera prête pour l’ovulation au printemps… pratique!

Mais voici le cas du chevreuil : comme le lapin, après l’accouplement vers la fin juillet, l’oeuf ou les œufs fécondés commencent à se diviser. Mais au lieu de se développer gentiment et de se greffer à la paroi utérine de la chevrette, les embryons stoppent leur évolution: ils stagnent librement, mesurant seulement quelques millimètres. Ils attendront le mois de janvier pour continuer leur gestation. La femelle décide donc des conditions optimales pour accueillir son petit, et attend le pic d’abondance de nourriture en mai pour mettre bas… ça fait rêver!

(Propos grandement inspirés de la Hulotte n°111 et Mammifères sauvages d’Europe de Robert Hainard)

Contribuez à la restauration de notre église rurale

Participer au financement participatif de la fondation du patrimoine

Nous avons reçu votre demande. Nous reviendrons bientôt vers vous.